En France, ce sont 5 millions de logements, soit 12 millions de personnes environ, qui sont soumis à l’assainissement non collectif, ou ANC.
Lorsqu’un logement n’est pas relié aux infrastructures communales d’assainissement (le tout-à-l’égout), il est obligatoire pour les propriétaires d’assainir les eaux usées sur place, à travers des installations d’ANC.
Et pourtant, le prix de l’ANC en France reste très élevé : en moyenne, il faut compter aux alentours de 10 000€ pour faire réaliser des installations complètes, quelle que soit la solution choisie.
Deux grands types de solutions
On regroupe les installations d’assainissement sous deux grands catégories :
- les filières traditionnelles (fosse toutes-eaux + épandage)
- les filières agréées (micro-station, filtre compact, etc.)
La dénomination « filière » ne doit pas vous faire peur : il s’agit simplement d’un mot de jargon qui désigne la catégorie.
Filières traditionnelles
C’est ainsi que l’on désigne toutes les installations composées d’une fosse toutes-eaux (ou fosse septique, voir plus bas) suivie d’un épandage.
Fosse septique ou fosse toutes-eaux ?
On a l’habitude d’entendre parler de « fosse septique ». À l’origine, la fosse septique ne recueillait que les « eaux grises », c’est-à-dire les eaux des toilettes et des salles de bain. Or, ce type de dispositif est désormais interdit, et on lui a substitué la « fosse toutes-eaux » ou FTE, qui recueille toutes les eaux usées d’un logement. On parle toutefois toujours de « fosse septique » pour désigner la FTE !L’épandage peut être de différents types :
- Tranchées
- Filtre à sable
- Tertre
- Etc.
Les filières traditionnelles sont généralement encombrantes (l’épandage peut prendre plusieurs dizaines de mètres carrés), mais elles offrent de très bonnes performances épuratoires, et sont écologiques : elles ne demandent poas d’énergie pour fonctionner, puisqu’elles utilisent le pouvoir épuratoire du sol.
Filières agréées
Les filières agréées regroupent des dispositifs innovants développés ces dernières années pour épurer les eaux usées.
Elles doivent leur nom à l’agrément ministériel que les fabricants doivent obtenir avant de les commercialiser. Cet agrément est délivré après des tests en laboratoire destinés à s’assurer que le dispositif respecte bien les normes en vigueur.
Les filières agréées les plus connues sont la micro-station d’épuration et le filtre compact, mais on y trouve aussi d’autres dispositifs : les filtres plantés de roseaux et un certain nombre de filières écologiques, par exemple.
Pour faire court, le principal avantage des filières agréées est leur compacité : elles ne prennent que très peu de place au sol (moins de 10 m² pour la plupart des logements), et la championne toute catégorie de la compacité est la micro-station, qui peut même s’installer sans terrain.
Le principal inconvénient est qu’elles requièrent souvent de l’énergie pour fonctionner, soit directement (compresseur de la micro-station), soit indirectement (pompe de relevage par exemple).
Le prix de l’ANC dépend-il de la filière ?
Rentrons dans le vif du sujet après cette brève introduction : le prix de l’assainissement non collectif.
Comme nous le précisions en introduction, il faut compter environ 10 000€ pour une installation d’assainissement complète.
Bien sûr, le prix varie en fonction de la filière choisie, mais pas du tout au tout, et cela dépend beaucoup des conditions d’installation.
Voici un tableau récapitulatif des coûts des différentes solutions :
Solution | Coût pose comprise |
Filière traditionnelle | 3 500€ à 11 000€ |
Micro-station d’épuration | 6 000€ à 12 000€ |
Filtre compact | 7 000€ à 12 000€ |
Comme vous le voyez, le prix moyen est le même partout, et la solution la moins chère dépend largement des conditions d’installation, mais aussi du dimensionnement.
Les facteurs de variation du prix de l’assainissement
Passons désormais en revue les différents facteurs en mesure de faire varier le prix de l’assainissement non collectif.
Le dimensionnement
Le dimensionnement est la taille de l’installation : il s’exprime en EH, pour « équivalent-habitant ».
Il est important de comprendre qu’on ne dimensionne pas des installations d’assainissement en fonction du nombre réel d’occupants d’un logement, mais en fonction de la capacité d’occupation dudit logement.
C’est la raison pour laquelle l’équivalent-habitant, ou EH, est intimement lié à la notion de « pièce principale ». On compte 1 PP = 1 EH.
Une pièce principale est une pièce de séjour ou de sommeil de minimum 7m², avec une hauteur sous plafond de 2 mètres 50, et disposant d’une ouverture sur l’extérieur permettant de laisser passer la lumière (fenêtre, vélux).
On y compte donc les chambres, le séjour, les salles de jeu, mais pas la buanderie ou le garage !
La solution choisie
Le type de filière choisie, mais aussi la gamme de qualité de l’équipement vont jouer un rôle prépondérant dans le prix final de l’installation.
Considérez que le prix d’achat de l’équipement, depuis le dispositif jusqu’au matériel de raccordement, représentera 30 à 50% du prix final.
Il n’y a pas de solution moins chère qu’une autre, puisque tout dépend des conditions d’installation.
Les conditions d’installation
Les conditions d’installation représentent elles aussi 30 à 50% du prix final.
Par exemple, s’il faut effectuer d’importants travaux de terrassement pour installer l’épandage, les coûts vont grimper. Il en vas de même s’il faut installer une micro-station hors-sol, avec un mur de soutènement.
Ce sont aussi les conditions d’installation qui détermineront les équipements optionnels à utiliser : pompe de relevage, bac à graisses, etc.
Les études & contrôles
Un des coûts à ne pas négliger lors d’un projet d’assainissement tient aux études et contrôles. Il est en effet fréquent de faire appel à un bureau d’études pour faire une étude de sol.
Les spécialistes se déplaceront alors sur votre terrain et effectueront des analyses pour vous préconiser la meilleure solution à installer en fonction des contraintes in situ.
De même, le Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) effectue un certain nombre de contrôles, avant et après les travaux, pour vérifier la conformité du projet.
Ces contrôles sont obligatoires, et à la charge du propriétaire. Leur coût diffère en fonction des SPANC, mais le prix total de ces contrôles tourne entre 200€ et 800€.
À ne pas oublier : les coûts de fonctionnement & d’entretien
Terminons en mentionnant les coûts de fonctionnement et d’entretien : il s’agit de la somme que vous aurez à débourser chaque année pour votre assainissement.
Fonctionnement
Le coût de fonctionnement dépend largement de la solution choisie et des conditions d’installation, et tient notamment à la consommation électrique.
Par exemple, une micro-station a besoin d’une alimentation électrique constante, et coûte environ 50€ par an, en fonction des modèles.
De par leur mode de fonctionnement, le filtre compact et les filières traditionnelles ne consomment pas d’électricité, mais les conditions d’installation demandent souvent d’utiliser une pompe de relevage, qui consommera entre 50 et 100€ d’électricité par an.
Entretien
L’entretien de l’assainissement non collectif n’est pas obligatoire, mais il est fortement conseillé.
Tous les 4 à 8 ans, le SPANC effectue un contrôle sur les installations, et celles qui ne sont pas en état doivent être remises aux normes, ce qui occasionne souvent des frais s’élevant à plusieurs millers d’euros.
Il est donc intéressant de faire faire des visites annuelles d’entretien pour conserver le bon fonctionnement de l’assainissement.
Vous pouvez même parfois souscrire à des contrats auprès de certains fabricants : ceux-ci ont un fonctionnement similaire aux contrats d’entretien de chaudières ou de climatiseurs. Vous payez une somme forfaitaire et ne payez pas le déplacement, voire certaines fois pas les pièces, s’il y a un incident.
Enfin, certains dispositifs demandent un entretien spécifique. Par exemple, le média d’un filtre compact doit être changé tous les 10 ans environ : une opération qui occasionne près de 1 000€ de dépenses.
Conclusion
Le prix de l’ANC ne s’arrête pas seulement aux sommes à débourser pour les travaux et l’installation de l’assainissement : il faut considérer le prix sur toute la durée de vie des installations.
Parfois, faire des économies sur le coût initial n’est pas fructueux, car il faudra réhabiliter plus vite ou faire face à des coûts de fonctionnement et d’entretien très importants.
En tout, attendez-vous à dépenser autour de 10 000€ pour des installations complètes, et 100€ à 200€ par an pour le fonctionnement et l’entretien.
Et pensez bien à vous renseigner auprès du SPANC sur les différentes subventions disponibles !